Hôpital de Château-Thierry : Jacques Krabal n’en démord pas et écrit au directeur général de l’Agence Régionale de Santé

Le Centre hospitaler Jeanne de Navarre de Château-Thierry
Le Centre hospitaler Jeanne de Navarre de Château-Thierry

Membre du Conseil de surveillance de l’hôpital de Château-Thierry, l’ancien député de l’Aisne Jacques Krabal adresse un long courrier

à Hugo Gilardi, le directeur général de l’Agence Régionale de Santé des Hauts-de-France située à Lille.

DB

 

« Monsieur le Directeur général,

 

J’ai pris connaissance de votre courrier du 10 octobre dernier, envoyé à M. le directeur par intérim de l’hôpital de Château-Thierry,

dans lequel vous notifiez officiellement le refus de la demande d’autorisation de l’activité de l’USIC de Château-Thierry installée depuis 2008 dans des locaux modernes. L’activité de ce service est indispensable pour notre établissement.

 

Cette fermeture que vous envisagez est inacceptable. Elle aura pour conséquence le départ des cardiologues, ce qui affaiblira les urgences, mettra en difficulté les réanimateurs, les chirurgiens, les praticiens de médecine et entraînera un transfert des patients vers Soissons.

 

Un hôpital sans cardiologues subira une baisse de l’activité de tous les services et donc de notre plateau technique.

 

Le premier argument que vous mettez en avant serait le non-respect de la règlementation, alors qu’elle ne fait pas l’objet de la même application d’une région à l’autre !

Le deuxième argument que vous avancez, concernant la situation des ressources humaines médicales qui vous a conduit à prendre la décision de refus d’autorisation de l’USIC, m’interpelle lui aussi. L’équipe du service de cardiologie est pourtant reconnue et performante.

Et puis, si le nombre des cardiologues pourrait être insuffisant, pouvez-vous nous dire ce qu’il en est dans d’autres hôpitaux voisins ?

 

Depuis cette nouvelle direction, pouvez-vous me dire également ce qui a été fait concrètement pour recruter des cardiologues et ainsi anticiper ce refus d’autorisation ?

Les usagers, les médecins et tous les soignants, ainsi que, plus largement, les 100 000 habitants ne peuvent pas accepter cette perspective sans réaction.

 

Je me réjouis des démarches du directeur par intérim et des maires de Soissons et Château-Thierry de vous solliciter pour vous faire revenir

sur votre décision.

 

Ces réactions politiques exceptionnelles vont bien au-delà de la menace de la fermeture de l’USIC. Elles témoignent de la gravité de la situation de l’hôpital de Château-Thierry comme je n’ai jamais cessé de vous le signaler avec la mise en place de l’intérim. Mais je ne comprends pas

la pertinence d’un recours gracieux pour contester cette décision, ce choix m’apparaît en inadéquation avec les conséquences graves provoquées par une telle fermeture. Un recours administratif s’imposait pour le moins avec une contestation sans appel de cette fermeture.

 

Et puis, Monsieur le Directeur, ce coup de force de la fermeture de l’USIC s’inscrit dans le démantèlement engagé depuis 18 mois,

que je dénonce avec les citoyens chaque jour plus nombreux à le contester et à s’y opposer.

 

Comment pouvez-vous nier ces faits ?

 

- Perte de l’agrément de notre maternité, en la maintenant au niveau 1 alors qu’elle fonctionne correctement en niveau 2A et ce depuis

des années,

- Suppression de la deuxième équipe du SMUR,

- Abandon du projet de centre de dialyse lourd prévu à Château-Thierry et installation de 4 machines supplémentaires à Soissons,

- Et maintenant l’USIC et demain le transfert de notre plateau technique dans un nouveau bloc surdimensionné à Soissons.

 

C’est ce qu’aurait expliqué Monsieur Lagardère lors de sa dernière prise de parole devant les maires : il faut organiser la gradation de soins sur le GHT. Pour cela, il a cité plusieurs pathologies : coronarographie, cancer, chimiothérapie, hémorragie digestive qui devraient être transférées toutes vers le centre hospitalier de Soissons.

 

Voilà, Monsieur le Directeur, le schéma que vous voulez mettre en place avec la direction par intérim soissonnaise pour l’hôpital de Château-Thierry.

 

Pour refuser cette accusation de démantèlement, vous mettez en avant la subvention de 35 millions d’euros obtenue pour la réhabilitation

de notre hôpital. Permettez-moi de vous rappeler que nous la devons à l’initiative de votre prédécesseur, le Professeur Vallet.

 

Pour lui, il fallait moderniser notre hôpital pour permettre un meilleur accueil des patients et des conditions de travail dignes pour les soignants. Mais il fallait surtout renforcer notre hôpital avec une offre de soins encore améliorée, avec un partenariat avec le CHU de Reims. Mais en aucun cas il n’a été envisagé un hôpital neuf vidé de ses services et ses soignants.

 

Ces fermetures de services que vous avez décidées ne correspondent plus au projet médical que vous avez validé.  L’argent public est trop rare pour être gaspillé.

 

N’oublions pas la spécificité de notre territoire rural, déjà défavorisé en offre de soins. Nos habitants n’iront pas se faire soigner à Soissons, comme vous le souhaitez, et vos décisions vont renforcer leur précarité. Je veux reprendre quelques arguments proposés par le maire

de Soissons dans son courrier : « Les patients s’orienteraient alors vers la médecine libérale de ville dont les parcours de recours s’appuient

sur les établissements de santé de Reims ou de Meaux au détriment des activités de coronographie et de rythmologie (prochainement

de niveau B au centre hospitalier de Soissons) … » Ce point de vue prévaut pour l’ensemble des activités et montre bien que nous avons raison de nous opposer à l’affaiblissement continu des services de l’hôpital de Château-Thierry.

 

Je vous demande de respecter votre engagement, qui passe par le retour à une direction autonome pour notre hôpital de Château-Thierry

et par l’annulation des suppressions de services, dont l’USIC.

 

Sachez que l’incompréhension et la colère s’installent chez nos habitants qui demandent à pouvoir continuer de se soigner en priorité à l’hôpital de Château-Thierry.

 

Je souhaite enfin revenir sur les propos de votre Directeur lors de la réunion du 12 Décembre à Fossoy : « On recrute quasiment 80%

de médecins étrangers au centre hospitalier de Château-Thierry ».

Nous ne comprenons pas cette proportion, ni la nécessité de la mettre en avant. Personnellement, Monsieur le Directeur général, je ne vois pas la pertinence de cette remarque. Qu’en pensez-vous ?

 

Je compte sur votre compréhension pour répondre aux attentes légitimes de nos habitants et permettre à l’hôpital de Château-Thierry

de devenir le cœur de la santé publique de notre territoire.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur général, en l’expression de mes sentiments les plus dévoués. »


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