Mis à jour le 23/01/2023 à 16h30
Lors des vœux de la municipalité de Jaulgonne qui se sont déroulés vendredi soir 20 janvier dans la salle culturelle Daniel Berger, la maire et conseillère départementale de l’Aisne Anne Maricot aurait pu se réjouir d’une part, de la diminution
des logements vacants (moins de six logements en 2022 contre soixante-trois en 2016) et d’autre part, de l’augmentation
de la population de la « belle commune » qui devrait avoisiner les 700 habitants. La cérémonie a été marquée en fait par
la grosse colère de l’élue devant le bilan, « catastrophique », de l’année 2023 qui débute tout juste.
À Jaulgonne, le salon de coiffure ferme pour cause de retraite. Il n’y a pas de repreneur devant des difficultés d’accessibilité et
le développement de la coiffure à domicile.
À Jaulgonne, le restaurant Le 911 part s’installer dans une autre commune.
À Jaulgonne, la fleuriste ferme définitivement sa boutique. « Christelle a subi les confinements, explique Anne Maricot. La population locale l’a soutenue lors des diverses fermetures sanitaires : Pas de perte, des rentrées d’argent et donc pas d’aide de l’État. Christelle, qui a l’amour du métier, ne se prend pas de salaire. Aucune aide et une reprise à peu près normale en 2022. Christelle se dit qu’elle va pouvoir prendre un salaire de 700 euros par mois. Vous noterez qu’elle n’est pas chère payée, car dans le commerce on ne compte pas ses heures. Mais elle a un rattrapage de l’URSSAF de 6000 euros à verser. Comment pouvez-vous y arriver ? Je ne décolère pas. Tout travail mérite salaire. Force est de constater que
ce n’est pas toujours possible. Christelle est victime de son honnêteté et du soutien de la population. » Anne Maricot a demandé au sénateur de l’Aisne Pierre-Jean Verzelen, présent à la cérémonie, de porter sa colère auprès de ses collègues parlementaires et de « soutenir
les petits commerces, si importants ».
À Jaulgonne, la maire se montre également inquiète pour le boulanger dont la facture d’électricité a été « multipliée par quatre ».
Anne Maricot a ensuite exprimé son courroux sur la santé. En 2014, Jaulgonne voit l’ouverture du premier pôle de santé de
l’Aisne avec l’installation de quatre médecins, trois infirmières, un kinésithérapeute et d’autres professions libérales.
« Ce pôle de santé est très vite victime de son succès, si bien qu’il faut agrandir, souligne la maire. Impossible de porter ce projet car c’est
une compétence intercommunale. En juillet 2018, en visite à Jaulgonne, le préfet de l’Aisne Nicolas Basselier donne l’assurance d’une subvention à 80% avec l’aide du Département. Rien ne se passe. En 2019, une nouvelle visite du préfet, mais cette fois-ci de Ziad Khoury, qui tient les mêmes propos. Rien ne se passe. Une solution est trouvée avec la création du lotissement, mais je l’évoquerai, qui tarde.
Cela va faire cinq ans que les professionnels de santé attendent. Dans l’intervalle, un dentiste a dû être refusé. Et d’autres. Point positif cependant, deux orthophonistes se sont installés, grâce à la commune et uniquement à la commune, qui je le rappelle n’a pas la compétence.
Une mission de service public à l’échelle du territoire. Comme pour les commerces, doit-on attendre qu’ils partent pour faire quelque chose ?
Je sais que l’on va me dire que le plan de santé de la CARCT agrandit d’autres pôles de santé et que c’est ma faute. Mais après quatre ans d’attente, il fallait trouver une solution. »
Malgré les difficultés, Jaulgonne est une commune « dynamique et compte bien aller de l’avant ».
Dans le rétro
Depuis la dernière cérémonie des vœux en 2017, « de gros investissements ont été réalisés, malgré la Covid-19 », par la municipalité Jaulgonnaise.
En 2021, création d’une micro crèche, réfection des bureaux de la mairie, réfection de la Rue du Plessier après la création du réseau pluvial et mise en place du projet Jaulgonne plage.
En 2022, fin de la première phase de Jaulgonne plage, mise en place de la vidéo protection sur l’ensemble de la base de loisirs, première tranche de la réfection de la Rue du Pont et remise en état de l’église.
À propos de l’église Saint-Jean-Baptiste, Anne Maricot rappelle la Loi de 1905 : « Toutes les églises construites après 1905 appartiennent
en totalité au clergé. Or, à Jaulgonne, l’église a totalement été détruite en 1918 et reconstruite avec la loi sur les dommages de guerre,
via une association. L’église a ensuite été restituée à la commune. Un détournement de la loi qui impose à la commune d’assurer l’entretien des murs et du couvert. Le toit devait être refait en 199. Les personnes fréquentant ce lieu de culte sont à présent souvent âgées, avec des difficultés de déplacement, et les cloches étaient en panne. Le conseil municipal a donc décidé de remplir ses obligations légales et a refait le toit, celui-ci sera terminé en février, créé une rampe PMR et rénové le système de cloches. Une dépense de plus de 110 000 euros HT.
J’adresse ici mon premier remerciement à l’État et au Département qui nous ont alloué respectivement une subvention de 50 et 25%. »
Anne Maricot a encore parlé gros sous avec les comptes 2022 de la commune qui sont clôturés : « C’est une recette de fonctionnement
de 481 563 euros, des dépenses de fonctionnement de 369 227 euros, des dépenses d’investissement de 737 388 euros. Le second merci
et un très grand merci, à l’État et au Département qui sont les seuls à octroyer des subventions et qui nous permettent de financer nos investissements et d’équilibrer notre budget. »
Projets 2023
Anne Maricot a listé moult projets « conséquents » qui occuperont bien la municipalité. Projets dont la maire souhaite que « les inves-tissements bénéficient aux entreprises locales », pour lesquelles elle craint une année 2023 « difficile » : installation de la vidéo protection dans le centre bourg et aux entrées ou sorties de la commune, seconde tranche de la réfection de la Rue du Pont, dernière phase de Jaulgonne plage avec la fin de l’installation du ponton d’accès à la Marne pour le départ des paddles, l’installation de WC
et de pergolas sur terrasse.
La maire confie également que la commune sera prête à accueillir la véloroute V52 qui doit traverser tout le département sur 48km
de Trélou-sur-Marne à Crouttes-sur-Marne : « J’ai bon espoir que les travaux débutent en 2023. Nous serons prêts pour le tourisme de luxe. Trois bateaux-maisons seront installés sur la Marne en 2023. La mise en concurrence sera faite par Voies Navigables de France en mars,
avec deux mois de retard, pour des travaux fin du premier semestre, si tout se passe bien. »
Autre projet attendu avec impatience, celui du lotissement. « Nous recevons régulièrement en mairie des personnes qui attendent
un logement, explique Anne Maricot. Le projet de lotissement semble être l’Arlésienne, tant il se fait attendre. J’ai bon espoir que les travaux démarrent à la fin de ce semestre. C’est urgent, car c’est un beau projet, pour les kinésithérapeutes essentiellement qui n’ont pas la place suffisante pour exercer leur métier correctement ainsi que pour les orthophonistes. Le lotissement est également important pour l’habitat inclusif. En effet, quelques appartements sont déjà réservés à l’habitat inclusif, tant pour les personnes âgées que pour les personnes porteuses de handicap. Les travaux étaient annoncés pour la fin de l’année, mais le marché doit être relancé. Les prix issus de l’ouverture des enveloppes étant deux fois supérieurs à l’estimation. Je le redis, c’est un beau projet. Le Sud de l’Aisne est attractif. Jaulgonne doit faire partie des villages qui bénéficient de l’arrivée de nouveaux habitants. Ne serait-ce que pour les commerçants. Pour ceux qui craignent l’arrivée de nouveaux habitants dans des logements sociaux, ce mot fait peur, je précise que 80% de la population française peut revendiquer un habitat social. Cette crainte n’est donc pas justifiée. »
À Jaulgonne, la Maison de Champagne Moët et Chandon a arraché toutes ses vignes en terrasse. « Ce procédé ne fonctionne pas,
explique Anne Maricot. Les récoltes sont dix fois inférieures aux attentes et le terrain risque de glisser. Fait très important, ces terrasses
sont très dangereuses pour le personnel. Moët et Chandon a donc décidé de réaménager toute cette zone, avec des terrasses qui seront
plus larges. Des chemins permettront de travailler les vignes en sécurité. Des talus seront renforcés. Tout le système hydraulique sera refait.
Avec l’implantation de vignes traditionnelles, de vignes semi larges, de vignes mères déjà plantées, d’espaces arborés, ce projet se veut
la vitrine de cette grande société. Fait non négligeable, ce projet se fait en concertation avec la commune. Il reste à imposer aux autres viticulteurs les protections des coulées de boue. L’enherbement fait partie de ces solutions. »
Un dernier projet pour la route : Jaulgonne sera très prochainement un centre de détention de cartes d’identité et de passeports.
Anne Maricot a tenu à remercier la sous-préfète Fatou Mano pour son soutien dans ce dossier : « Cela va nous permettre ou nous obliger à embaucher une secrétaire à mi-temps. Je pense que ce n‘est pas pour déplaire à Sabrina [secrétaire de mairie de Jaulgonne] »
« Je souhaitais autre chose, mais je me régale »
Vice-présidente en charge de l’autonomie, du grand âge et du handicap du Conseil départemental de l’Aisne, Anne Maricot a livré quelques informations sur cette délégation, « un domaine inconnu pour moi et qui me faisait peur ».
« Je souhaitais autre chose, mais je me régale, confie la conseillère départementale du canton d’Essômes-sur-Marne. Cette délégation,
c’est travailler avec une équipe extraordinaire, d’un professionnalisme et d’une compétence hors normes, toujours à la disposition des élus. J’aimerais que tous aient ce niveau. Il y a tant à faire. En 18 mois, certaines choses ont cependant évolué. »
Et Anne Maricot de lister : « Le délai de traitement des dossiers porté désormais à moins de 3 mois avec le soutien du Comité National d’Action Sociale, la signature de la convention avec l’éducation nationale pour le dépôt des dossiers scolaires à la Maison Départe-mentale pour les Personnes Handicapées, le schéma de l’autonomie pour lequel le Conseil départemental a délibéré en octobre 2022
et qui avance à grands pas, la mise en place en novembre du comité des usagers de la Maison Départementale pour les Personnes Handicapées, le travail reconnu des services pendant le confinement et la mise en place au niveau national de la Communauté 360, dont l’Aisne a été à l’initiative, la mise en place de l’habitat inclusif, avec la conférence des financeurs et le soutien financier du Département sur dix-sept dossiers retenus et dont les premières places vont ouvrir cette année ».
Pour la conseillère départementale, il reste tant à faire : « La mise en place de la cinquième branche pour permettre de travailler avec l’ARS, moderniser les Ephads, les enfants en situation de handicap orientés par la MDPH vers un établissement spécialisé et qui sont
1, 2, 3 ans sur une liste d’attente, les troubles autistiques qui ont explosé pendant la Covid-19 et tous ces enfants et adultes pour lesquels nous sommes sans solution ».
Anciens Combattants, Club de loisirs, Comité des fêtes, de la culture et des traditions, Pétanque Jaulgonnaise, Croque-Galipes :
Anne Maricot a conclu son discours, non sans avoir mis en lumière la vitalité des associations de la commune, sans oublier l’équipe municipale et le personnel communal.
Plusieurs personnalités sont venues assister aux vœux de la municipalité Jaulgonnaise, notamment le conseiller départemental
de l’Aisne et binôme d’Anne Maricot sur le canton d'Essômes-sur-Marne Dominique Duclos, le président du Conseil départemental
de l’Aisne Nicolas Fricoteaux, la vice-présidente en charge de la Transition écologique et du développement durable Michèle Fuselier,
le sénateur de l’Aisne Pierre-Jean Verzelen, les conseillers régionaux Hauts-de-France Élisabeth Clobourse et Dominique Moyse,
le président du PETR-UCCSA Olivier Devron, le maire de la Cité poétique Sébastien Eugène et la sous-préfète de Château-Thierry Fatou Mano. L’Agglomération de Château-Thierry était représentée par le vice-président en charge de l’Équilibre territorial et de l'urbanisme Daniel Girardin.
Les discours de Dominique Duclos, Nicolas Fricoteaux, Pierre-Jean Verzelen et Fatou Mano ont laissé ensuite la place au partage
du verre effervescent de la fraternité, servi par les élèves du Lycée de Crézancy et accompagné de vraies joyeusetés.
DB
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