Une double inauguration au profit des habitants du territoire, s’est déroulée samedi 21 décembre à Crézancy.
Éric Mangin, le maire de cette commune de 1225 habitants et le conseil municipal, entourés de nombreuses personnalités axonaises, ont coupé le ruban symbolique devant la nouvelle mairie et la nouvelle maison de santé. Les deux structures sont situées au 400 rue de l’Église.
Un projet à 1 860 000 euros HT
La nouvelle mairie, d’une surface de 240m², est implantée dans une ancienne bâtisse datant du 19ème siècle, appartenant jadis
à « une grosse famille du secteur agricole ». Une extension, d’une surface de 348m² a été créée pour accueillir la nouvelle maison
de santé, comprenant maison médicale et pharmacie. Ce corps de bâtiment jouxte la nouvelle mairie. La surface totale des
bâtiments est de 588m².
Le coût du projet de réhabilitation et de construction se monte à 1 860 000 euros HT. Le financement a été assuré par le Ministère
de la Transition écologique et solidaire grâce au contrat de ruralité, à hauteur de 417 000 euros, par la dotation d’équipement
des territoires ruraux, à hauteur de 533 000 euros, par le département de l’Aisne à hauteur de 224 000 euros, et enfin par la
commune de Crézancy avec un autofinancement, à hauteur de 680 000 euros.
Une conservation du patrimoine
Éric Mangin l’a souligné dans son discours : « Le chantier de réhabilitation du bâtiment a une particularité, c’est la conservation du patrimoine avec du plâtre gros sur les façades puis du badigeon, une technique classique et particulière de notre Sud de l’Aisne, la restauration des corniches, la conservation des anciennes portes d’entrée appliquées en façade, du carrelage de l’entrée, de l’escalier en pierre, et de la cheminée en bois du local de l’agence postale. »
Des fouilles archéologiques ont été menées sur ce chantier de grande ampleur. Elles ont permis de découvrir « un peu plus
d’histoire sur le village de Crézancy avec deux maisons d’habitation qui avançaient sur l’emprise du lycée ».
Le chauffage par géothermie
S’imposer une qualité énergétique la plus parfaite possible dans le cadre de ses chantiers, a toujours été une volonté de la municipalité selon Éric Mangin. « Il y avait une volonté d’approcher un bilan carbone très performant en ce qui concerne le chauffage du bâtiment, précise le maire, nous avions par ailleurs des obligations avec le ministère de l’Écologie dans le cadre du contrat de ruralité. Le chauffage est assuré
par la géothermie avec quatre forages à 140 mètres de profondeur. Il n’y a pas d’apport électrique pour assurer la température de l’eau dans
les radiateurs. »
Donner un service à la population le meilleur possible
Les Crézançois et Crézançoises rencontrés, ici et là, devant la nouvelle mairie se disaient satisfaits de la réalisation. « Nous voyons
au moins où passent nos impôts, lance un administré, et puis maintenant l’accès à la mairie est facilité. »
La maison de santé qui regroupe la maison médicale et la pharmacie donne, elle aussi, entière satisfaction. « Quand vous sortez
de chez le médecin, il y a juste à faire quelques mètres pour aller chercher ses médicaments. » commente un habitant.
La maison médicale accueille un médecin généraliste d'origine roumaine « avec 2400 cartes Vitale » et deux infirmières.
Un deuxième généraliste devrait arriver sur Crézancy « mais ce dernier ne souhaite pas occuper le second local disponible et préfère s’installer dans l’ancien centre médical ».
« La ruralité a un avenir mais il faut bouger »
Le préfet de l’Aisne, Ziad Khoury, a honoré de sa présence la double inauguration. Comme le veut le protocole, le représentant de l’État s’est exprimé en dernier pour souligner notamment « l’intelligence collective et la volonté des hommes » qui ont fait naître ces deux réalisations. « J’ai un message important que je passe toujours, lance le Préfet, dans la ruralité, il faut être dans des lieux de vie et de projets.
Il faut faire attention à la nostalgie du village ou du témoignage désuet de ce
qu’était le village d’antan. La ruralité a un avenir mais il faut bouger. Il faut faire attention aux conservatismes qui sont faussement protecteurs. Il faut toujours veiller à innover suivant
les exigences contemporaines. C’est exactement ce qui se passe ici. »
Ziad Khoury a souligné la double déclinaison des services inaugurés à Crézancy : « La mairie, c’est votre maison commune, c’est votre outil, c’est un lieu polyvalent, c’est votre bien, c’est votre maison, prenez-en soin. La santé en milieu rural dépend d’une approche globale de l’offre
de soins. Il faut à la fois développer les formes collectives d’exercice des métiers de la santé parce que les médecins et les métiers de la santé
ont changé. Si on crée des éléments de mutualisation, on peut avoir une attractivité. Il faut aussi décloisonner la santé notamment entre
les hôpitaux et la médecine de ville. On est bien là dans une logique de construire
l’avenir.»
Une Maison France Services en 2020
Le Préfet de l'Aisne a mis l’accent sur le maillage des territoires. L'un des deux axes très simples à développer dans la ruralité pour
le gouvernement, selon lui. « Nous devons développer le maillage des territoires, commente Ziad Khoury, c’est ce qu’on est en train de faire pour la santé avec tout ce qui se passe à quelques kilomètres d’ici et qui crée une offre globale. Ce maillage est aussi valable pour les services publics. Je le dis pour le maire de Condé-en-Brie, il y aura une Maison France Services en 2020 sur ce territoire. On développe ce maillage,
c’est très important. Mais les services, ce n’est pas tout dans tous les endroits.
C’est, dans un bassin de vie, avoir l’accès à ce dont on a besoin dans de bonnes conditions et dans des délais raisonnables. »
Développer les centralités
Ziad Khoury a détaillé l’autre axe fort de l’action de l’État, les centralités. « Cela peut être des grandes villes, des moyennes, des petites,
des centres bourgs, souligne le Préfet, je peux dire qu’ici, à Crézancy, on est dans une forme de centralité, mais il y en a d’autres autour. À partir
de là, on arrive à attirer la population ou à la maintenir. On arrive à construire des projets de vie, des projets professionnels, parce qu’on a
les services disponibles et en même temps on a la qualité du cadre de vie. La ruralité gagne des habitants en France, là où les grandes villes
en perdent, globalement. Simplement, il y a beaucoup d’inégalités au sein de la
ruralité. À nous de saisir notre chance. Dans l’Aisne, on a toutes les capacités, le Sud de l’Aisne en particulier, pour justement retrouver le dynamisme de la ruralité. »
« On a largement augmenté les fonds qui vont dans la ruralité »
Avant de conclure son intervention, le préfet est revenu sur la santé en déclarant : « On a un objectif d’avoir sept maisons de santé sur
le territoire. D’ici quelques mois, quelques années, nous pourrons, si tout se passe bien, avoir effectivement une qualité de soins malgré les défis, comme la démographie des médecins, etc... C’est une des priorités de l’État. C’est pour cela que je suis heureux que l’on ait mis à peu près
la moitié des dépenses dans ce projet, cela fait 955 000 euros. Peu importe, car l’argent de l’État, c’est votre argent. D’une manière ou d’une autre, on va le chercher dans les mêmes poches.
Simplement, est-ce que cela sert, est-ce que c’est utile ? La réponse est oui. De quoi a-t-on besoin aujourd’hui ? L’argent, à la limite, on peut
le trouver. On a besoin de projets, c’est-à-dire de stratégie territoriale, de lecture globale du territoire. Il faut que les élus, la population définissent les besoins et comment on y répond de la façon la plus optimale. Il ne s’agit pas d’arroser, de faire des choses dispersées. Il faut avoir une stratégie territoriale pour le bassin de vie.
On a ensuite besoin d’ingénierie, c’est-à-dire des porteurs de projets. Le gouvernement va développer tous les outils qui aident à avoir des gens qui conduisent et qui préparent ces projets. Quand on a de la stratégie et des porteurs de projets, croyez-moi, d’une manière ou d’une autre,
on trouve l’argent, d’autant plus comme cela a été dit, depuis quelques années, on a largement augmenté les fonds qui vont dans la ruralité.
Le souci n’est pas d’abord un souci financier, c’est vraiment de travailler ensemble sur des projets qui peuvent être portés par des gens qui ont
la capacité de les porter. »
Avant de partager le verre de l’amitié, Ziad Khoury a tenu à féliciter les élus, les entreprises et tous ceux qui ont contribué à ce projet. Puis le Préfet a ensuite souhaité un joyeux Noël à l’assistance et poursuivi en déclarant : « Il faut qu’on arrête avec la morosité. La France est un grand pays. L’Aisne est une grande terre de France. Je pense que si cela n’est pas facile, nous avons les moyens d’en sortir parce que
c’est notre destin. Vive la République. Vive la France. »
Plusieurs personnalités locales avaient fait le déplacement pour ce temps fort de la vie de la commune de Crézancy, comme Natalie William, sous-préfète de l'arrondissement de Château-Thierry, Jacques Krabal, député de l'Aisne, Anne Maricot et Georges Fourré, conseillers départementaux du canton d'Essômes-sur-Marne, Étienne Haÿ, président de la Communauté d'Agglomération de la région de Château-Thierry, Bruno Lahouati, maire de la commune nouvelle Vallées-en-Champagne, Jacques Durthaler, maire de Courtemont-Varennes, Jean-Jacques Bohain, maire de Barzy-sur-Marne, et Éric Assier, maire de Condé-en-Brie.
DB
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