Une étude relative à la protection de l’Aire d’Alimentation des Captages (AAC) d’eau potable de la Chapelle Monthodon a été réalisée il y a 18 mois. Celle-ci a pour but de préserver la qualité de ces ressources en eau potable. La démarche et le plan d’actions ont été présentés aux acteurs du territoire.
Dans la salle communale odonienne, ils n’étaient seulement qu’une petite trentaine à avoir répondu à l’invitation de l’USESA (Union des Services d’Eau du Sud de l’Aisne). Agriculteurs, viticulteurs, entrepreneurs et particuliers présents ont entendu pendant près de 2 heures les conclusions du rapport présenté par Laurence Denis du cabinet GEONORD dont les domaines d’expertise sont l’agronomie, la pédologie et la cartographie. Ce rapport émane, pour la partie agricole, du cabinet GEONORD et pour la partie non agricole, de la société internationale d’ingénierie et de conseil en environnement ANTEA GROUP. Le plan d’actions a été mené en concertation avec les acteurs locaux.
Nelly Triconnet, vice-présidente de l’USESA, Thierry Chappat et Benoît Rozay, responsables au sein de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, Laetitia Morel, chargée de mission au PETR-UCCSA, Florent Despres, responsable du Pôle Aménagement durable au sein de la 4CB figuraient également parmi les intervenants.
Des teneurs en nitrates acceptables
Le bassin d’alimentation des captages d’eau potable de La Chapelle Monthodon correspond au bassin versant hydrographique du ruisseau du Rosset et couvre une surface de 2 077 hectares. Sur cette surface se côtoient 4 secteurs : forestier, urbain, viticole et agricole.
Le secteur forestier représente 41% de la surface AAC et 13% des surfaces vulnérables. Le secteur urbain représente 4,5% de la surface AAC et 7% des surfaces vulnérables. Le secteur viticole représente 2,5% de la surface AAC et 13% des surfaces vulnérables. Quant au secteur agricole, il représente 52% de la surface AAC dont 15% de prairies et 66% des surfaces vulnérables dont 15% de prairies.
2 sources alimentent en eau potable la station de pompage : la source de La Route et la source de La Pâture. Concernant la présence des nitrates, 2 seuils sont à prendre en considération : le seuil de vigilance –il est autour de 25mg/l pour les 2 sources- et le seuil réglementaire qui est de 50mg/l. « Nous avons des teneurs en nitrates acceptables. Nous sommes en dessous des 25 au terme de l’étude, en octobre 2014. Au niveau des nitrates, nous avons une qualité d’eau tout à fait correcte » précise Laurence Denis. « Ce qui nous pose des soucis est la teneur en résidus de produits phytosanitaires » souligne la responsable GEONORD. En effet, une analyse réalisée au cours de l’étude montre certes des teneurs acceptables, mais aussi la présence de résidus assez variés ainsi que des molécules dont l’utilisation n’a plus cours aujourd’hui, notamment l’Atrazine.
Actions à entreprendre
C’est sur cette aire d’alimentation des captages que les pollutions peuvent avoir des conséquences sur la qualité de l’eau. Une analyse précise des activités dans cette zone a donc été menée afin de connaître les différentes pollutions potentielles, agricoles comme non agricoles. Des actions concertées de préservation de cette aire d'alimentation vont être maintenant menées avec les différents acteurs. Quelques exemples :
- secteur Forestier : éviter les coupes à blanc,
- secteur Urbain : l’assainissement non collectif (ANC) de La Chapelle Monthodon n’est pas conforme sauf pour une poignée d’habitations. La commune est prioritaire pour la mise en place d’un ANC conforme à la législation en vigueur. Sur ce sujet sensible, l’Agence de l’eau Seine-Normandie accompagne financièrement, sous certaines conditions, les particuliers dans la mise en conformité de leur installation,
- Secteur Viticole : des postes de remplissage du pulvérisateur à sécuriser en cas de risque de débordement,
- Secteur Agricole : développer les outils d’aide à la fertilisation en cours de végétation.
Ces actions par thématique sont décrites sous forme de fiches. 25 au total ! De la fiche « Assainissement » à la fiche « Autres activités urbaines » en passant par la fiche « Phytosanitaire non agricole »… Des indicateurs de suivi avec des objectifs à 5 ans sont mis en place pour permettre au maître d’ouvrage de voir si la dynamique mise en place sur le territoire porte ses fruits. « Dynamique basée sur le volontariat » rappelle Laurence Denis.
De l’herbe dans les rues
« On n’entretient plus une commune de la même manière » annonce la responsable GEONORD. Les collectivités font aussi partie des acteurs responsables de la protection de la ressource. Elles devront utiliser d’autres techniques que l’emploi de désherbant pour l’entretien de l’espace public. « A la campagne, il faudra sans doute s’habituer à voir de l’herbe dans les rues » souligne Laetitia Morel.
« On va bientôt pailler les trottoirs ! » s’exclame alors un élu de la commune nouvelle de Vallées-en-Champagne.
Les particuliers sont invités également à apprendre à protéger l’eau. Il faut dire aussi, à en croire certains professionnels de la culture rencontrés près de parcelles ou de galipes, que ces derniers ne sauraient pas notamment d’une part, utiliser correctement les produits phytosanitaires non agricoles et d’autre part, ne posséderait pas le matériel adapté pour effectuer des traitements. Des ateliers gratuits de préservation de la qualité de l’eau sont montés à leur intention tout au long de cette année 2016 par l’USESA, le PETR-UCCSA, en partenariat avec l’Agence de l’eau Seine-Normandie.
Maintenant, y a plus qu’à… et rendez-vous dans 5 ans ! DB
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